Un ancien film retrouvé? (suite et fin!)

Nous vous parlions il y a peu de quelques bandes de film dans notre dernier article, qui avaient été retrouvées à la Bibliothèque nationale de France et dont nous ignorions à peu près tout.

Cependant, après recherches, nous sommes tombés sur une petite pépite! Le film complet ! Ce dernier nous montre les séquences jusqu’alors totalement inconnues de ce film. On y voit une routine de balles avec l’enfant servant encore d’assistant, et la fin de la routine d’anneaux chinois.

Vous pouvez visionner en intégralité ce court métrage juste ci-dessous.

Peut-être que nos prochaines recherches nous permettrons enfin de mettre un nom sur ce magicien encore non identifié?

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Un ancien film retrouvé?

Détail du film, crédits : Bibliothèque nationale de France, cote 4-ICO CIN-6511

Parfois, les recherches nous poussent à tomber sur des documents que nous n’aurions jamais trouvés autrement que grâce à ce hasard. C’est le cas de cette série d’images, reliées les unes aux autres et formant le début d’une bande destinée à être plus tard projetée à l’écran.

Seulement, il ne nous a pas été possible de trouver des renseignements sur une éventuelle production de ce film, si bien qu’on le soupçonne d’être complètement inédit et jamais paru. Conservé à la Bibliothèque nationale de France, cette bobine laisse entrevoir un joli numéro : celui des anneaux chinois. Un magicien, aux côté d’un jeune assistant croise et délie les cercles métalliques.

L’ensemble a été réalisé par le photographe Eugène Pirou (1841-1909), lorsqu’il était installé à Paris au n° 5 boulevard Saint-Germain entre 1880 et 1923. Le cachet de dépôt légal nous apprend que l’oeuvre a été déposée en 1897 (ou peut-être 1887, le cachet n’étant pas très net).

Le magicien présent sur l’image nous est malheureusement inconnu, et il semble curieux que ces images aient été tournées sans être utilisées par la suite. Amis historiens et collectionneurs, si vous possédez quelques renseignements sur le sujet, nous sommes preneurs!

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Sieur Jonas, magicien à la fin tragique

« Il est probable que, de temps à autre, des escamoteurs italiens coururent le monde avec leurs prestiges. Toutefois ce n’est que vers le milieu du siècle dernier que l’on constate leur apparition dans Paris. Jonas, Androletti, Antonio Carlotti, furent les premiers noms d’escamoteurs dont les annales parisiennes firent mention. Ces artistes se nommaient faiseurs et leurs tours d’appelaient des jeux. »

Robert-Houdin, 1868, Comment on devient sorcier, p. 33

Si le sieur Jonas a l’immense privilège d’être mentionné par Robert-Houdin lui-même, le maître blésois semble avoir escamoté sa véritable nationalité. En effet, on peut retrouver un livre le décrivant comme « anglais de nation, juif de religion »1. Si ce passage ne suffit pas à prouver son pays de naissance, il met en revanche en évidence une incohérence que des recherches futures combleront peut-être? Quoi qu’il en soit, lorsqu’il était en activité, ce Jonas « dressait aux carrefours sa tribune improvisée et il esbaudissait les badauds par maints tours de passe-passe. De son chapeau sortait une colombe portant en son bec rose un rameau d’olivier, symbole de la paix, et de son gilet des bandes de canards, symbole d’abondance. » 2

Jonas, escamoteur escamoté, lorsqu’il s’aperçut trop tard au cours de l’une de ses séances que quelqu’un venait de lui dérober sa montre et quatre louis qu’il avait dans sa bourse!Nous avons réussi à déterminer une période d’activité de 1774 jusqu’aux alentours de 1807/1808, date à laquelle notre escamoteur fut pendu, après avoir commis un vol … !4 Triste fin pour cet homme dont aucune gravure ou représentation ne semble nous être parvenus!


Références:

[1] François Métra. 1808. In Anecdotes secrètes du dix-huitième siècle, 23‑24. Paris: Léopold Collin.

[2] « Pour qui voterons-nous? », 29 avril 1924. La Liberté, no 21915, p. 1.

[3] « Almanachs ». 15 janvier 1775. Journal de politique et de littérature, p. 70.

[4] Voir note 2.

Alexandre Lapôtre: hypnotiseur

En activité dans les années 1930, Alexandre Lapôtre était un illusionniste, tantôt hypnotiseur, tantôt magnétiseur suivant ses propres publicités. Se présentant comme « Le plus grand hypnotiseur français », il donnait également à qui le souhaitait des cours pour apprendre cet art à « L’école pratique de suggestion » qu’il avait lui-même créée1. A côté de cela, Alexandre Lapôtre est également l’auteur d’une petite brochure Hypnotisme et magnétisme moderne dans laquelle il donne quelques conseils pour devenir hypnotiseur.

Livre d’Alexandre Lapôtre – Collection de l’auteur

Ses représentations d’illusionnisme quant à elles étaient faites en compagnie de sa femme, Mme Lapôtre, comme nous le montre ce programme retrouvé des séances qu’ils réalisaient ensemble.

Programme des séances de A. Lapôtre – Collection de l’auteur

Nous perdons toutes trâces d’Alexandre Lapôtre après 1937.


 

Références:

[1] « Votre imagination doit toujours être votre allié, jamais votre ennemie!!! », Le Petit Journal, juin 1935, no 26436, p. 10.

Quand Nevil Maskelyne fit disparaître le Soleil

Si le nom de Nevil Maskelyne (1863-1924) évoque presque immédiatement le talentueux magicien britannique, on en oublie trop souvent le côté inventeur et scientifique. Étudiant de fond en comble les ondes électromagnétiques pour servir la télégraphie sans fil ou encore pour des usages militaires, il semble être un infatigable touche à tout qui, en 1900 décide d’ajouter une nouvelle corde à son arc: il s’intéresse de près à l’astronomie.

Il faut bien garder en tête que son intérêt pour les sciences lui permet de servir grandement sa magie, à l’instar d’autres illustres prestidigitateurs comme Robert-Houdin avec l’électricité. Nul doute que si Nevil Maskelyne trouvait une application de ses découvertes à la magie, il s’empresserait de l’ajouter à son répertoire. Mais en cette journée du 28 mai 1900, c’est au tour du magicien d’être bluffé; c’est Nevil Maskelyne lui-même qui prit la place du public pour observer un numéro de quelques 2 minutes qui est cependant l’un des plus beaux de ce monde: lorsque le Soleil a progressivement disparu devant ses yeux.

Le truc Nevil Maskelyne le connaît. Il sait que c’est à la lune qu’il doit cette disparition, et le magicien s’est tellement préparé à voir cette illusion qu’il emporte avec lui de quoi la filmer. Le 28 mai 1900, Maskelyne se trouve alors en Caroline du Nord, témoin du magnifique spectacle qu’est celui d’une éclipse totale de Soleil, phénomène qu’il enregistre alors avec soin. La chance lui sourit enfin, lui qui avait déjà tenté de filmer une éclipse deux ans auparavant en Inde mais dont la pellicule lui avait été volée. Ce nouvel enregistrement a miraculeusement survécu grâce à sa conservation à la Royal Astronomical Society qui ne l’a retrouvé dans ses archives que très récemment. S’en est suivie une restauration image par image avant que l’ensemble ne soit assemblé pour donner vie à la Lune obscurcissant le Soleil. Le tout forme ainsi une vidéo de 1 min 08 s, que la Royal Astronomical Society a décidé de diffuser et qui est maintenant disponible sur Youtube.

C’est ainsi que Nevil Maskelyne semble être le premier à avoir l’idée de filmer ce type de phénomène astronomique, faisant de lui un pionnier dans un nouveau domaine: celui du cinéma. Comment d’ailleurs ne pas faire le rapprochement entre ce premier film de la lune cachant le Soleil et le film de Georges Méliès Le Voyage dans la lune qui paraît seulement deux années plus tard?

L’automate Arlequin et son histoire

Catalogue n°4 de Caroly p 109 (Collection Thibault Ternon)

« C’était un petit arlequin dont les fonctions consistaient à ouvrir la boîte dans laquelle il était enfermé, à sauter dehors pour exécuter quelques évolutions, et à rentrer lui-même dans sa prison lorsqu’on lui en donnait l’ordre. »

Robert Houdin, « Chapitre V », in Confidences et révélations, Blois, Lecesne, 1868, p. 70.

L’arlequin fut sans doute l’un des automates magiques les plus complexes qui soit. La citation ci-dessus est extraite des Confidences de Robert-Houdin, qui nous décrit l’arlequin alors qu’il le découvre pour la première fois, son compagnon de voyage (Torrini) lui ayant demandé de le réparer.

Assez rares sont les magiciens pouvant se vanter d’avoir présenté ce type d’automate dans leurs spectacles et pour cause: son prix de fabrication élevé en dissuadait plus d’un. C’est ainsi qu’on le retrouve dans les scènes les plus luxueuses, autour d’autres accessoires l’étant tout autant comme dans cette gravure représentant le matériel des prestidigitateurs De Linski et Deveaux, où trône en plein milieu le fameux automate.

Salon de De Linski et Deveaux (Source: Gallica)

 

L’arlequin chez Voisin

 

On connait plusieurs marchands de trucs qui ont fabriqué cet automate. La première illustration de cet article provient du catalogue n°4 de Caroly, mais citons également Opré, ou encore Voisin dont la gravure ci-contre nous laisse entrevoir l’automate que l’on pouvait espérer acheter dans son magasin de magie.

 

 

Enfin, mentionnons le célèbre Philippe, qui présentait l’Arlequin au milieu d’autres effets aussi extraordinaires les uns que les autres. La gravure ci-dessous nous donne une idée des expériences proposées… saurez-vous repérer l’Arlequin?

Les expériences de Philippe

Pour conclure cette courte histoire illustrée de l’arlequin, terminons en beauté avec cet automate remis au goût du jour par le génie de Pierre Mayer, qui a recréé l’automate en miniature. Bon visonnage!

Le chien Munito

Le chien Munito (Domaine public)

 

Ce chien à l’histoire incroyable rencontra un fort succès au XIXe siècle par ses nombreux talents. Son maître, le Signor Castelli d’Orino, lui avait appris différents tours de force. Connaissant les rudiments de l’arithmétique et comprenant plusieurs langues, il pouvait aussi apporter les cartes qu’on lui annonçait.

Chromo du chien munito (Collection Thibault Ternon)

À Paris, le chien Munito et son maître font leurs représentations dans un Cabinet d’illusions, situé Cours des Fontaines près du Palais-Royal puis voyagent dans différentes villes. Dans un rare petit livret dédié à la vie de Munito, le chien est présenté comme ayant une taille semblable à « celle d’un caniche ordinaire […] ; il est blanc et n’a qu’une seule tache brune sur l’œil gauche; son mufle est court et frisé […] »1. Ce même livret nous apprend que Munito est né « de l’accouplement d’une chienne barbette avec un chien de chasse, à Limito »2.

 

Cette popularité lui a valu d’être représenté par de nombreuses gravures ou même encore des assiettes. Nous reproduisons ci-dessous le détail de l’une d’entre elle où Munito est en pleine partie de dominos contre son maître. Cette assiette existe au moins en trois versions différentes: l’une polychrome, et une autre avec un décor différent.

Détail de l’assiette de Munito (Collection Thibault Ternon)

 

Mais Munito n’était en réalité rien de plus qu’un chien doté d’une intelligence rare, mais pas assez pour connaître différentes langues ou savoir compter. Tout le numéro reposait sur un « truc », une simple astuce qui donnait l’illusion que le chien possédait réellement des capacités cognitives hors-normes.

Pour conclure, précisons que même après le retrait de la scène de Munito, de nombreux autres artistes ont tenté leurs chances en présentant avec leur chien les mêmes expériences que Munito avant eux. Citons entre autres Monetto.


1 « Chap Ier – Origine, Portrait et première éducation de Munito », in Notice historique sur la vie et les talens du savant chien Munito, Paris, s.d, p. 3.

2 Ibid.

La maison d’escamotage THIS

Le temps nous a malheureusement fait oublier bon nombre de lieux dédiés à l’art de la magie, et ce jeton est sans doute l’une des dernières traces de l’activité d’une ancienne boutique de magie parisienne.

Jeton maison THIS verso
Jeton de la maison THIS (verso) – Collection Thibault Ternon

Jeton de la maison THIS recto
Jeton de la maison THIS (recto) – Collection Thibault Ternon

 

Située « au coin du passage Vendôme », la boutique THIS était spécialisée dans « des jeux de jardins et de salons » ainsi que dans les appareils d’escamotage et de physique amusante comme nous l’indique le jeton en question.

Cette pièce nous est très précieuse pour pouvoir dater les années où la boutique était ouverte. L’aigle au dos du jeton nous permet aisément de dater sa fabrication au second Empire (1852-1870). Plus précisément, la mention de « sa majesté l’impératrice » nous permet de réduire d’une année cet intervalle, Napoléon III s’étant marié en 1853 à Eugénie de Montijo. Ainsi, ce jeton a nécessairement été fabriqué entre 1853 et 1870 ce qui nous renseigne sur la période d’activité de l’enseigne. Il existe par ailleurs un second jeton de la même boutique, qui nous apprend qu’au cours de son existence, le nom de ce marchand de truc se transforma en « This & Crozier ».

 

 

 

Le marquis d’Ambreuille

Charles Grossart dit le marquis d’Ambreuille - Source: gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Charles Grossart dit le marquis d’Ambreuille – Source: gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Charles Grossart dit Le Marquis d’Ambreuille est un escamoteur du XVIIe totalement inconnu et oublié de tous. Pourtant d’après les quelques documents qu’il nous reste sur lui, notre homme était très talentueux comme nous prouvent les multiples descriptions élogieuses à son égard : « Adroit de Corps des pieds agille, mais encor plus suptil des mains ». Ce texte est présent sur l’estampe couleur reproduite ci-dessus. L’auteur de cette estampe, un certain Nicolas Bonnart (~1637 – ~1717), en réalisera une seconde du même personnage intitulée L’entrée du Marquis d’Ambreuille au Palais de Pluton qui se trouve reproduite ci-dessous.

L’entrée du Marquis d’Ambreuille au Palais de Pluton
L’entrée du Marquis d’Ambreuille au Palais de Pluton – Source: gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Représenté sur la partie inférieure, notre marquis de divinités, de personnages fictifs et du célèbre … maître Gonin – escamoteur du Pont-Neuf – situé dans la partie inférieure, à l’extrême droite ! Ce dernier semble être très attentif aux gestes et au numéro du marquis. Cela nous conforte dans l’idée que Charles Grossart n’était pas un « simple amuseur » mais bien surement un escamoteur avec un réel talent.

Léance - Source: gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Léance – Source: gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Aussi appelé « Le Chevalier d’Ambreuille », Charles Grossart semble être le frère d’une courtisane appelée Léance. Il était aussi le chef d’une bande de bohémiens. Il sera condamné à mort (brûlé vif) pour avoir visiblement blasphémé comme nous l’explique un rare document conservé de nos jours aux Archives Nationales de France sous la cote : AD III 3 144.

Cette exécution se déroulera le 19 juin 1686 à Paris, place de Grève (cette place se nomme depuis 1803 Place de l’Hôtel-de-ville – Esplanade de la Libération).

Charles Grossart - Source: gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Charles Grossart – Source: gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Matthias Buchinger

Matthias Buchinger est né sans bras et sans jambes le 2 juin 1674.

Face à cet handicap, il réussit tout de même à se faire connaître par entre-autres, les dessins qu’il réalisait. Ces œuvres étaient pour la plupart réalisées en utilisant la micro-calligraphie, qui donnait une impression de dessins de loin, dessin constitué en grande partie d’écriture lorsqu’on le regarde de plus près.

En plus de ce talent, Matthias Buchinger réalisait des tours d’escamotage comme on le voit sur la gravure ci-dessous où il est représenté comme un joueur de gobelets.

Matthias Buchinger - Crédit: Wellcome Library, London. CC BY 4.0
Matthias Buchinger – Crédit: Wellcome Library, London – CC BY 4.0

 

Ricky Jay, le célèbre magicien américain vient de publier un livre sur cet homme extraordinaire disponible exclusivement en anglais sous le titre de Matthias Buchinger: ‘The Greatest German Living’ by Ricky Jay, Whose Peregrinations in Search of the ‘Little Man of Nuremberg’ Are Herein Revealed

À se procurer de toute urgence!