Avis aux collectionneurs, le 4 mars 2017 sera une journée à retenir! En effet, la « traditionnelle » vente aux enchères de Chartres ouvrira ses portes pour céder une partie de la collection « Morax et Akyna ».
Vous pourrez compléter votre collection en acquérant, entre autres, des boîtes de physique amusante, des affiches, grandes illusions, des appareils anciens, livres, et même quelques objets en lien direct avec le théâtre Robert-Houdin!
C’est jusqu’au 31 décembre que vous pourrez rencontrer le célèbre tableau attribué à Jérôme Bosch: L’escamoteur, presque 500 ans après sa réalisation.
Longtemps conservé sous clef, c’est l’occasion ou jamais de redécouvrir ce tableau mythique!
En visitant l’exposition installée à l’espace Paul-et-André-Véra de Saint-Germain-en-Laye, vous le retrouverez au milieu d’autres œuvres sur le thème. Ces dernières, très bien choisies pour créer un lien, un fil conducteur vers la peinture, n’ont pour la plupart rien à envier à L’escamoteur en ce qui concerne leur rareté et leur beauté. C’est ainsi qu’on retrouve plusieurs livres et gravures de tous les siècles, présentant d’habiles joueurs de gobelets sous toutes leurs formes.
Mentionnons entre autres parmi les objets exceptionnels présentés: La chute du magicien Hermogène ou encore l’un des rarissimes exemplaires de La première partie des subtiles et plaisantes inventions (1584), premier ouvrage français consacré à la magie!
Alors dépêchez-vous de vous rendre à cette exposition temporaire unique!
Débuté en mars 1996 par le CMRHN (Cercle Magique Robert-Houdin de Normandie) ce petit bulletin de liaison, nommé Les Caquets de la Zig-Zag-Guée était une petite revue de quelques pages éditée au format A5. Réservée aux membres de l’amicale seulement, ces derniers furent invités à participer activement à la vie de cette revue en y publiant dedans les articles de leur choix. Malheureusement, l’annonce ne fut pas entendue par tous, ce qui en provoqua l’arrêt deux ans plus tard, en septembre 1998.
La collection complète comporte 14 numéros à travers lesquels étaient publiés comptes-rendus de lectures; les nouveautés magiques du moments et même une section vente réservée aux magiciens du club.
Nombreux sont ces petites revues de club qui tombent peu à peu dans l’oubli. Notons que dans le livre édité par l’AFAP 100 ans d’histoire, 100 ans de magie, une partie est justement consacrée à toutes les revues magiques publiées en langue française.
Carte Postale voiture Carrington – Collection Thibault Ternon
Si à première vue cette jolie carte postale de la basilique gothique de la ville de Saint-Pol-de-Léon (Finistère) n’a aucun rapport avec le thème de la magie, il ne s’agit là que d’un habile tour de passe-passe!
En effet, en regardant plus attentivement -notamment en bas à droite- on s’aperçoit de la présence d’un véhicule surmonté d’une banderole annonçant le spectacle d’un certain … Carrington!
Ces cartes postales où la magie ressort d’endroits inattendus sont toujours intéressantes à connaître.
Si le sujet des moyens de transports des magiciens vous intéresse, un sujet a été lancé sur ce thème sur Virtualmagie, regorgeant d’autres photos plus ou moins connues; Vous pouvez y accéder en cliquant ici.
Le temps nous a malheureusement fait oublier bon nombre de lieux dédiés à l’art de la magie, et ce jeton est sans doute l’une des dernières traces de l’activité d’une ancienne boutique de magie parisienne.
Jeton de la maison THIS (verso) – Collection Thibault TernonJeton de la maison THIS (recto) – Collection Thibault Ternon
Située « au coin du passage Vendôme », la boutique THIS était spécialisée dans « des jeux de jardins et de salons » ainsi que dans les appareils d’escamotage et de physique amusante comme nous l’indique le jeton en question.
Cette pièce nous est très précieuse pour pouvoir dater les années où la boutique était ouverte. L’aigle au dos du jeton nous permet aisément de dater sa fabrication au second Empire (1852-1870). Plus précisément, la mention de « sa majesté l’impératrice » nous permet de réduire d’une année cet intervalle, Napoléon III s’étant marié en 1853 à Eugénie de Montijo. Ainsi, ce jeton a nécessairement été fabriqué entre 1853 et 1870 ce qui nous renseigne sur la période d’activité de l’enseigne. Il existe par ailleurs un second jeton de la même boutique, qui nous apprend qu’au cours de son existence, le nom de ce marchand de truc se transforma en « This & Crozier ».
Le C.R.A.P (Centre de Recherche sur l’Art de la Prestidigitation) est une base de données qui a pour but de rendre accessible à tous des documents magiques historiques et parfois mêmes uniques!
Recherchez un terme à travers de nombreux journaux du siècle précédent (L’illusionniste, L’escamoteur, Le Journal de la Prestidigitation, etc.) ainsi qu’à travers des documents uniques comme des lettres, des manuscrits ou des livres (à l’instar du célèbre Livre d’Or de Robelly!)
Tous ces documents sont accessibles sous une simple inscription et ce gratuitement sous la seule et unique contrainte d’indiquer la source lors de leur utilisation!
Aidez-nous à contribuer à rendre accessible la culture magique!
Charles Grossart dit le marquis d’Ambreuille – Source: gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Charles Grossart dit Le Marquis d’Ambreuille est un escamoteur du XVIIe totalement inconnu et oublié de tous. Pourtant d’après les quelques documents qu’il nous reste sur lui, notre homme était très talentueux comme nous prouvent les multiples descriptions élogieuses à son égard : « Adroit de Corps des pieds agille, mais encor plus suptil des mains ». Ce texte est présent sur l’estampe couleur reproduite ci-dessus. L’auteur de cette estampe, un certain Nicolas Bonnart (~1637 – ~1717), en réalisera une seconde du même personnage intitulée L’entrée du Marquis d’Ambreuille au Palais de Pluton qui se trouve reproduite ci-dessous.
L’entrée du Marquis d’Ambreuille au Palais de Pluton – Source: gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Représenté sur la partie inférieure, notre marquis de divinités, de personnages fictifs et du célèbre … maître Gonin – escamoteur du Pont-Neuf – situé dans la partie inférieure, à l’extrême droite ! Ce dernier semble être très attentif aux gestes et au numéro du marquis. Cela nous conforte dans l’idée que Charles Grossart n’était pas un « simple amuseur » mais bien surement un escamoteur avec un réel talent.
Léance – Source: gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Aussi appelé « Le Chevalier d’Ambreuille », Charles Grossart semble être le frère d’une courtisane appelée Léance. Il était aussi le chef d’une bande de bohémiens. Il sera condamné à mort (brûlé vif) pour avoir visiblement blasphémé comme nous l’explique un rare document conservé de nos jours aux Archives Nationales de France sous la cote : AD III 3 144.
Cette exécution se déroulera le 19 juin 1686 à Paris, place de Grève (cette place se nomme depuis 1803 Place de l’Hôtel-de-ville – Esplanade de la Libération).
Charles Grossart – Source: gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Matthias Buchinger est né sans bras et sans jambes le 2 juin 1674.
Face à cet handicap, il réussit tout de même à se faire connaître par entre-autres, les dessins qu’il réalisait. Ces œuvres étaient pour la plupart réalisées en utilisant la micro-calligraphie, qui donnait une impression de dessins de loin, dessin constitué en grande partie d’écriture lorsqu’on le regarde de plus près.
En plus de ce talent, Matthias Buchinger réalisait des tours d’escamotage comme on le voit sur la gravure ci-dessous où il est représenté comme un joueur de gobelets.
Matthias Buchinger – Crédit: Wellcome Library, London – CC BY 4.0
Ricky Jay, le célèbre magicien américain vient de publier un livre sur cet homme extraordinaire disponible exclusivement en anglais sous le titre de Matthias Buchinger: ‘The Greatest German Living’ by Ricky Jay, Whose Peregrinations in Search of the ‘Little Man of Nuremberg’ Are Herein Revealed.
Photographie des frères Isola par Nadar – Collection Thibault Ternon
Tout le monde – ou presque – connait les frères Isola, ces fameux prestidigitateurs qui ont été les directeurs d’une multitude de salles de spectacle en France pendant leur temps de gloire. Cependant, si leur vie est généralement assez connue, leur enfance, elle, l’est moins. En effet, il semble que la majorité des archives leur ayant appartenu ont été détruites lorsqu’ils habitaient encore en Algérie, leur pays natal.
Aussi, la découverte de cette nouvelle photographie d’eux permet de les voir pour la première fois sous un jour nouveau.
Cette photographie de cabinet, de largeur 13 cm pour 21.5 cm de longueur, a été réalisée par le célèbre photographe Nadar. Cependant, cette photographie est un retirage. En effet au dos de celle-ci on apprend que Nadar possède le Grand-Prix de Paris de 1889. La carton est donc postérieur à 1889, mais la photographie en elle-même est bien antérieure à cette date.
Au niveau de l’âge que pouvaient avoir les frères Isola sur la photo, on peut estimer cela à une dizaine d’années, leur mère étant décédée en 1873 et Émile et Vincent étant respectivement nés en 1860 et 1862. La photographie fut donc très probablement prise dans les années 1870.
Ce retirage, très certainement commandé par la famille Isola, permet ainsi de les connaître sous un nouveau jour et de retracer petit à petit leur histoire.
Si vous souhaitez en savoir davantage sur les frères Isola, je ne peux que vous conseiller d’aller visiter le site internet tenu par un descendant direct de ces deux artistes et sur lequel vous trouverez quantité de documents: http://claude.loubet.free.fr
Le fameux Romain – Source: gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Connu par une gravure
Connu sous le pseudonyme du « Fameux Romain », cet escamoteur fut le sujet – en 1770 – d’une superbe gravure réalisée par Prévost qui le représente en train de réaliser diverses expériences dessinées en miniatures autour d’une plus importante. Très certainement due à une commande de la part du physicien lui-même, cette gravure représente Le Fameux Romain en train de réaliser le tour des gobelets d’une manière peu courante. D’après l’estampe en question, ces derniers font « deux pieds de haut sur un et demi de diamètre »1. La muscade est alors également du même ordre de grandeur que l’on peut estimer à environ 20 cm de diamètre grâce à la gravure, ce qui correspond à la taille réelle du « boulet de 48 » utilisé (comprendre un boulet de 48 livres, qui avait pour diamètre 18.6 cm). En cela, nous pouvons en conclure que l’échelle semble être très bien respectée. En plus de se démarquer de par la taille inhabituelle des gobelets utilisés, il en tire profit en faisant « paraître et disparaître un enfant plus grand que les dits gobelets » et en escamotant une « bête à 4 pattes ». Les deux flambeaux placés sous la table où se déroulent tous ces mystères semblent être là pour empêcher les spectateurs de trouver l’explication de ces merveilleux tours.
Le détail complet des vingt miniatures présentées tout autour de la scène principale serait inutile ici, les titres parlant souvent d’eux-mêmes, mais il est intéressant de remarquer que de nombreux tours sont encore présentés tels quels comme – sur le premier registre – faire sortir du feu de sa main, l’ancêtre de la carte au plafond, le ruban raccommodé (à droite), etc; ce qui nous permet d’en savoir plus sur le programme complet des expériences que présentait le Fameux Romain.
On retrouve également cette gravure -légèrement modifiée- comme frontispice du recueil Le Jeu des gobelets rendu sensible écrit par Préjean en 1793.
Une personnalité presque démasquée
Si l’identité de l’escamoteur continue d’être un mystère jusqu’à présent, des éléments nouveaux nous permettent d’avancer des hypothèses (à prendre avec les précautions nécessaires!) sur sa véritable personnalité.
En effet, il est intéressant de noter que la Bibliothèque nationale de France possède dans ses réserves le catalogue d’une exposition qu’elle a elle-même organisée en 1966 sur Beaumarchais. Le plus étonnant est de retrouver dans ce dernier la mention de l’estampe que nous étudions avec pour description :
« […] On prétendit [que Beaumarchais] aurait gagné sa vie en faisant des tours de gobelets, c’est-à-dire d’escamoteur »2.
Si l’intérêt était seulement de trouver une gravure représentant un escamoteur, pourquoi la BnF aurait choisi cette gravure en particulier lors d’une exposition sur Beaumarchais? Cela est d’autant plus étonnant lorsque l’on remarque que tous les autres documents présentés dans le catalogue d’exposition sont liés de près ou de loin à Beaumarchais ou à sa famille.
Cependant, il peut s’agir là tout simplement du souhait de vouloir illustrer les exercices de Beaumarchais avec une gravure qui lui est contemporaine sans pour autant qu’elle ne le représente forcément!
Une deuxième référence à cette gravure est à noter en 1887, qui figure dans Levieux Paris. Celui-ci nous indique – d’une manière un peu maladroite – ceci :
« Ledru-Comus avait pour voisin sur le boulevard le physicien Noël, bien inférieur à lui, et qui n’était guère fréquenté que par les valets de ses spectateurs habituels. Le fameux Romain, comme l’appelait une estampe populaire, escamotait un enfant, un boulet de 48, une bête à quatre pattes.3 ».
S’il ne fait aucun doute que l’auteur fait bien référence à la gravure en question, la phrase est toutefois légèrement ambiguë, puisque l’on peut la comprendre de deux façons différentes : Soit « Le fameux Romain » désigne bien le sieur Noël, soit l’auteur a juste souhaité faire une petite énumération des physiciens de l’époque.
Quoi qu’il en soit, et même si ces éléments ne nous permettent pas encore de trancher de manière définitive sur l’identité du physicien représenté, ces nouveaux détails auront certainement permis à quelques personnes de (re)découvrir ce qui est sans doute l’une des plus belle et intéressante gravure de magie du XVIIIe siècle et des suivants!
1 Cela correspond à 61 cm de hauteur pour 30 cm de largeur.
2 Angrémy Annie et Barbin Madeleine, « 15. « Le Fameux Romain. Nouveaux tours et façons de jouer des goblets… » Gravure de Prévost, 1770 – B.N., Est., Coll. Hennin, 9366. », inBeaumarchais [exposition, Paris, Bibliothèque nationale, 28 octobre 1966-8 janvier 1967], Paris, Bibliothèque Nationale de France, 1966, p. 4.
3 Fournel Victor, « Escamoteurs et devins », inLe vieux Paris, Tours, Alfred Mame et fils, 1887, p. 261.