« Il est probable que, de temps à autre, des escamoteurs italiens coururent le monde avec leurs prestiges. Toutefois ce n’est que vers le milieu du siècle dernier que l’on constate leur apparition dans Paris. Jonas, Androletti, Antonio Carlotti, furent les premiers noms d’escamoteurs dont les annales parisiennes firent mention. Ces artistes se nommaient faiseurs et leurs tours d’appelaient des jeux. »
Robert-Houdin, 1868, Comment on devient sorcier, p. 33
Si le sieur Jonas a l’immense privilège d’être mentionné par Robert-Houdin lui-même, le maître blésois semble avoir escamoté sa véritable nationalité. En effet, on peut retrouver un livre le décrivant comme « anglais de nation, juif de religion »1. Si ce passage ne suffit pas à prouver son pays de naissance, il met en revanche en évidence une incohérence que des recherches futures combleront peut-être? Quoi qu’il en soit, lorsqu’il était en activité, ce Jonas « dressait aux carrefours sa tribune improvisée et il esbaudissait les badauds par maints tours de passe-passe. De son chapeau sortait une colombe portant en son bec rose un rameau d’olivier, symbole de la paix, et de son gilet des bandes de canards, symbole d’abondance. » 2
Jonas, escamoteur escamoté, lorsqu’il s’aperçut trop tard au cours de l’une de ses séances que quelqu’un venait de lui dérober sa montre et quatre louis qu’il avait dans sa bourse!3 Nous avons réussi à déterminer une période d’activité de 1774 jusqu’aux alentours de 1807/1808, date à laquelle notre escamoteur fut pendu, après avoir commis un vol … !4 Triste fin pour cet homme dont aucune gravure ou représentation ne semble nous être parvenus!
Références:
[1] François Métra. 1808. In Anecdotes secrètes du dix-huitième siècle, 23‑24. Paris: Léopold Collin.
[2] « Pour qui voterons-nous? », 29 avril 1924. La Liberté, no 21915, p. 1.
[3] « Almanachs ». 15 janvier 1775. Journal de politique et de littérature, p. 70.
[4] Voir note 2.