La cloche au millet

Une cloche en bois était présentée, et le magicien la faisait sonner. Du millet était placé dans une petite boîte, puis après une passe magique la boîte était montrée vide… tout le millet avait disparu! La cloche laissée à une extrémité de la table depuis le début du tour était alors soulevée: tout le millet se trouvait dessous!

Cloche au millet en bois, coll. T. T.

Cette cloche au millet (en buis) date du XIXe siècle. Cet effet est un classique et certaines boîtes de magie en contenaient même un exemplaire pour que l’acheteur puisse réaliser ce fameux tour.

Cet effet ne date pas d’hier, et se faisait déjà vieux au XIXe siècle. On retrouve en effet des traces du tour dans La première partie des subtiles et plaisantes inventions de Prevost qui date de 1584! Pour terminer, l’illustration ci-dessous provient de ce livre, et représente la cloche à côté des boîtes permettant de faire disparaître le millet, à droite.

Page 72 de La première partie des subtiles et plaisantes inventions (collection BnF)

Le dé au chapeau

Un dé était présenté aux spectateurs, ainsi qu’une petite boîte qui permettait de le recouvrir puis un chapeau était emprunté dans l’assistance. Le dé était recouvert de sa boîte, puis cette dernière était de nouveau soulevée… le dé avait disparu! Le dé se retrouvait alors dans le chapeau emprunté préalablement!

Dé au chapeau
Le dé (à droite) avec sa boîte (à gauche), coll T. T.

Ce tour semble avoir été en vogue au XIXe siècle où des exemplaires faits à la main étaient en vente. C’est le cas de notre exemplaire, la boîte étant en tôle peinte au vernis martin et décorée de quelques décors floraux avec des oiseaux. Le dé est quant à lui en bois peint en noir avec de simples points blancs. On retrouve ce tour dans quelques boîtes de physique amusante et même plus tard (XXe siècle) dans un style moins luxueux avec la fabrication industrielle avec du carton de la boîte.

On retrouve entre autres ce tour chez Caroly qui le décrit dans son catalogue, agrémenté d’un petit dessin de l’effet que nous vous présentons ci-dessous:

Le dé au chapeau, illustration tirée du catalogue de J. Caroly

Citons aussi Léon Baudot qui propose cet article dans son catalogue (publié entre 1899 et 1913) et qui le vend au prix de 4 fr 75.

Sieur Jonas, magicien à la fin tragique

« Il est probable que, de temps à autre, des escamoteurs italiens coururent le monde avec leurs prestiges. Toutefois ce n’est que vers le milieu du siècle dernier que l’on constate leur apparition dans Paris. Jonas, Androletti, Antonio Carlotti, furent les premiers noms d’escamoteurs dont les annales parisiennes firent mention. Ces artistes se nommaient faiseurs et leurs tours d’appelaient des jeux. »

Robert-Houdin, 1868, Comment on devient sorcier, p. 33

Si le sieur Jonas a l’immense privilège d’être mentionné par Robert-Houdin lui-même, le maître blésois semble avoir escamoté sa véritable nationalité. En effet, on peut retrouver un livre le décrivant comme « anglais de nation, juif de religion »1. Si ce passage ne suffit pas à prouver son pays de naissance, il met en revanche en évidence une incohérence que des recherches futures combleront peut-être? Quoi qu’il en soit, lorsqu’il était en activité, ce Jonas « dressait aux carrefours sa tribune improvisée et il esbaudissait les badauds par maints tours de passe-passe. De son chapeau sortait une colombe portant en son bec rose un rameau d’olivier, symbole de la paix, et de son gilet des bandes de canards, symbole d’abondance. » 2

Jonas, escamoteur escamoté, lorsqu’il s’aperçut trop tard au cours de l’une de ses séances que quelqu’un venait de lui dérober sa montre et quatre louis qu’il avait dans sa bourse!Nous avons réussi à déterminer une période d’activité de 1774 jusqu’aux alentours de 1807/1808, date à laquelle notre escamoteur fut pendu, après avoir commis un vol … !4 Triste fin pour cet homme dont aucune gravure ou représentation ne semble nous être parvenus!


Références:

[1] François Métra. 1808. In Anecdotes secrètes du dix-huitième siècle, 23‑24. Paris: Léopold Collin.

[2] « Pour qui voterons-nous? », 29 avril 1924. La Liberté, no 21915, p. 1.

[3] « Almanachs ». 15 janvier 1775. Journal de politique et de littérature, p. 70.

[4] Voir note 2.

Alexandre Lapôtre: hypnotiseur

En activité dans les années 1930, Alexandre Lapôtre était un illusionniste, tantôt hypnotiseur, tantôt magnétiseur suivant ses propres publicités. Se présentant comme « Le plus grand hypnotiseur français », il donnait également à qui le souhaitait des cours pour apprendre cet art à « L’école pratique de suggestion » qu’il avait lui-même créée1. A côté de cela, Alexandre Lapôtre est également l’auteur d’une petite brochure Hypnotisme et magnétisme moderne dans laquelle il donne quelques conseils pour devenir hypnotiseur.

Livre d’Alexandre Lapôtre – Collection de l’auteur

Ses représentations d’illusionnisme quant à elles étaient faites en compagnie de sa femme, Mme Lapôtre, comme nous le montre ce programme retrouvé des séances qu’ils réalisaient ensemble.

Programme des séances de A. Lapôtre – Collection de l’auteur

Nous perdons toutes trâces d’Alexandre Lapôtre après 1937.


 

Références:

[1] « Votre imagination doit toujours être votre allié, jamais votre ennemie!!! », Le Petit Journal, juin 1935, no 26436, p. 10.

Quand Nevil Maskelyne fit disparaître le Soleil

Si le nom de Nevil Maskelyne (1863-1924) évoque presque immédiatement le talentueux magicien britannique, on en oublie trop souvent le côté inventeur et scientifique. Étudiant de fond en comble les ondes électromagnétiques pour servir la télégraphie sans fil ou encore pour des usages militaires, il semble être un infatigable touche à tout qui, en 1900 décide d’ajouter une nouvelle corde à son arc: il s’intéresse de près à l’astronomie.

Il faut bien garder en tête que son intérêt pour les sciences lui permet de servir grandement sa magie, à l’instar d’autres illustres prestidigitateurs comme Robert-Houdin avec l’électricité. Nul doute que si Nevil Maskelyne trouvait une application de ses découvertes à la magie, il s’empresserait de l’ajouter à son répertoire. Mais en cette journée du 28 mai 1900, c’est au tour du magicien d’être bluffé; c’est Nevil Maskelyne lui-même qui prit la place du public pour observer un numéro de quelques 2 minutes qui est cependant l’un des plus beaux de ce monde: lorsque le Soleil a progressivement disparu devant ses yeux.

Le truc Nevil Maskelyne le connaît. Il sait que c’est à la lune qu’il doit cette disparition, et le magicien s’est tellement préparé à voir cette illusion qu’il emporte avec lui de quoi la filmer. Le 28 mai 1900, Maskelyne se trouve alors en Caroline du Nord, témoin du magnifique spectacle qu’est celui d’une éclipse totale de Soleil, phénomène qu’il enregistre alors avec soin. La chance lui sourit enfin, lui qui avait déjà tenté de filmer une éclipse deux ans auparavant en Inde mais dont la pellicule lui avait été volée. Ce nouvel enregistrement a miraculeusement survécu grâce à sa conservation à la Royal Astronomical Society qui ne l’a retrouvé dans ses archives que très récemment. S’en est suivie une restauration image par image avant que l’ensemble ne soit assemblé pour donner vie à la Lune obscurcissant le Soleil. Le tout forme ainsi une vidéo de 1 min 08 s, que la Royal Astronomical Society a décidé de diffuser et qui est maintenant disponible sur Youtube.

C’est ainsi que Nevil Maskelyne semble être le premier à avoir l’idée de filmer ce type de phénomène astronomique, faisant de lui un pionnier dans un nouveau domaine: celui du cinéma. Comment d’ailleurs ne pas faire le rapprochement entre ce premier film de la lune cachant le Soleil et le film de Georges Méliès Le Voyage dans la lune qui paraît seulement deux années plus tard?

Un vieux tour de cartes

Les cartes diminuantes

Le tour des cartes diminuantes est un classique de la magie. Un éventail de cartes est montré à l’assistance, et ce dernier diminue au fur et à mesure à vue d’œil. Robert-Houdin donne une explication de ce tour, réalisable sans aucun matériel truqué dans son livre Comment on devient sorcier sous le titre de Les cartes grandes et petites.

Cartes truquées – Collection T. T

Nous vous présentons aujourd’hui la version truquée de ce numéro, certainement celle vendue déjà à l’époque par Caroly puisque l’on retrouve l’article « Les cartes diminuantes » à la page 16 de son troisième catalogue. Vous pouvez voir sur l’image ci-contre la présentation du mécanisme, simple mais ingénieux, avec quelques cartes minuscules fournies pour réaliser ce tour.

 

Il est à noter que Rousselin, dans son Catalogue spéciale de physique amusante vend également ce même tour en nous fournissant une gravure de sa présentation. Le tout ressemblant étrangement à cette dernier description, il est possible que l’exemplaire que nous possédons soit l’un de ceux vendus par Rousselin.

Extrait du catalogue de Rousselin – Collection T. T

Mémoires et confidences

Faure Nicolay

Faure Nicolay (source Gallica)

 

Ce type d’initiatives est trop rare pour ne pas la partager, la publication d’un livre sur la passionnante histoire de Faure Nicolay (1831-1903)!

Découvrez tout de ce personnage hors-normes, encore trop méconnu, à travers son histoire écrite par lui-même au XIXe siècle!

 

Mémoires et confidences

 

Plongez pour la première fois dans sa vie de prestidigitateur au travers de cette biographie entièrement traduite en Français pour l’occasion par Pierre Taillefer!

 

 

Alors n’attendez plus, et trouvez plus d’informations ici! :

http://www.marchanddetrucs.com/magasin-de-magie/selections/nos-livres/memoires-et-confidences-5306.html

 

Les chromos et la magie

Les chromolithographies, souvent abrégées chromos, sont de magnifiques illustrations des mœurs et des pensées d’une époque. Nombreuses sont celles qui nous sont parvenues et qui traitent directement du thème de la magie. Ce sont de ces dernières dont nous allons parler aujourd’hui. Nous omettrons volontairement toutes les chromos de Tom Tit sur la physique amusante et nous concentrerons sur celles représentant directement l’escamoteur en action.

Chromo L. Miton & Cie – Collection Thibault Ternon

 

C’est au XIXe siècle que les petites chromos se développèrent et ce à très grande vitesse. Avant tout utilisées comme moyens publicitaires, certaines sont de petites merveilles. Celles présentent sur cet article donneront un petit aperçu des nombreuses existantes.

 

Le nombre précis de chromos représentant directement la magie (on ne parle donc pas d’expériences de physique amusante) est difficile à estimer. La tâche est rendue d’autant plus délicate que de nombreuses chromos sont reprises par différents marques. On peut cependant les estimer à moins d’une centaine de différentes en tout et pour tout.

Un amusant escamotage de souris – Collection Thibault Ternon

Le petit physicien – Collection Thibault Ternon

Certaines chromos sont bien évidemment plus difficiles à trouver que d’autres. Certaines sont également de véritables chef d’oeuvre comme la seule chromo dite à système connue sur le thème de la magie. Reproduite ci-dessous, elle fait apparaître lorsqu’on l’ouvre un escamoteur en relief.

Chromo à système – Collection Thibault Ternon

Pour finir, présentons cette chromo: Le pitre. Quel rapport avec la magie me direz-vous? Les fameux gobelets ne sont pas très loin… à vous de les trouver!

L’escamoteur est là … trouverez-vous ses gobelets? – Collection Thibault Ternon

L’automate Arlequin et son histoire

Catalogue n°4 de Caroly p 109 (Collection Thibault Ternon)

« C’était un petit arlequin dont les fonctions consistaient à ouvrir la boîte dans laquelle il était enfermé, à sauter dehors pour exécuter quelques évolutions, et à rentrer lui-même dans sa prison lorsqu’on lui en donnait l’ordre. »

Robert Houdin, « Chapitre V », in Confidences et révélations, Blois, Lecesne, 1868, p. 70.

L’arlequin fut sans doute l’un des automates magiques les plus complexes qui soit. La citation ci-dessus est extraite des Confidences de Robert-Houdin, qui nous décrit l’arlequin alors qu’il le découvre pour la première fois, son compagnon de voyage (Torrini) lui ayant demandé de le réparer.

Assez rares sont les magiciens pouvant se vanter d’avoir présenté ce type d’automate dans leurs spectacles et pour cause: son prix de fabrication élevé en dissuadait plus d’un. C’est ainsi qu’on le retrouve dans les scènes les plus luxueuses, autour d’autres accessoires l’étant tout autant comme dans cette gravure représentant le matériel des prestidigitateurs De Linski et Deveaux, où trône en plein milieu le fameux automate.

Salon de De Linski et Deveaux (Source: Gallica)

 

L’arlequin chez Voisin

 

On connait plusieurs marchands de trucs qui ont fabriqué cet automate. La première illustration de cet article provient du catalogue n°4 de Caroly, mais citons également Opré, ou encore Voisin dont la gravure ci-contre nous laisse entrevoir l’automate que l’on pouvait espérer acheter dans son magasin de magie.

 

 

Enfin, mentionnons le célèbre Philippe, qui présentait l’Arlequin au milieu d’autres effets aussi extraordinaires les uns que les autres. La gravure ci-dessous nous donne une idée des expériences proposées… saurez-vous repérer l’Arlequin?

Les expériences de Philippe

Pour conclure cette courte histoire illustrée de l’arlequin, terminons en beauté avec cet automate remis au goût du jour par le génie de Pierre Mayer, qui a recréé l’automate en miniature. Bon visonnage!

EMHC 2017 à Turin

 

Ce congrès Européen des collectionneurs n’a lieu qu’une fois tous les 2 ans et est un moment riche en découvertes, et rencontres incroyables. En 2013 à Hambourg, en 2015 à Paris, c’est maintenant le tour de Turin d’accueil cet événement en 2017.

Pendant 4 jours, accédez à presque une vingtaine de conférences sur l’histoire de la magie en pleine Italie. Parmi les éléments à relever du programme, on peut citer également le « marché d’objets magiques de collection » réalisé par de nombreux collectionneur où il vous sera possible d’acheter des documents et objets introuvables ailleurs.

Pour plus de détails sur cet événement à ne pas manquer, voici la page du site officiel qui détaille le programme de ce congrès.